Synthèse de l’apéro avec Caroline Schneider

Notre invitée, Caroline Schneider, au premier rang, tout à fait à droite

A plein régime

Jeudi 13 novembre, l’antenne parisienne de Femmes en Mouvement poursuivait son cycle consacré à l’opérationnel au féminin. Elle a accueilli Caroline Schneider, 30 ans, ingénieure en transfert de technologies et spécialiste du Lean manufacturing chez Alstom. Avec simplicité et franchise, Caroline a partagé un parcours construit pas à pas, guidé par la curiosité, les rencontres, et une passion pour les savoir-faire industriels.

L’histoire de Caroline commence à Mulhouse, lorsqu’enfant, elle visite l’usine PSA. « Je veux fabriquer des voitures », affirme-t-elle à ses parents, un peu décontenancés. Elle opte pour un CAP mécanique automobile, puis un bac pro en alternance dans un garage à Colmar, convaincue que les études longues ne sont pas faites pour elle. Mais une rencontre avec un professeur la pousse à poursuivre. Elle intègre l’IUT de Mulhouse, où elle découvre de nouvelles perspectives et termine major de sa promotion.

Découverte de l’industrie

Un stage chez Safran lui fait découvrir le monde de l’aéronautique, et plus largement celui de l’industrie qu’elle ne quittera plus. Elle enchaîne ensuite une licence académique et un master en gestion de production industrielle en apprentissage, toujours chez Safran, à la maintenance des trains d’atterrissage. Elle rejoint ensuite la SNCF en tant qu’agent de planification de maintenance pour les nouvelles rames Ouigo, avant de travailler dans le nucléaire sur la fabrication des portes des centrales. Une opportunité au Royaume-Uni l’amène ensuite chez un fabricant automobile - renouant ainsi avec ses premières amours, où elle travaille sur les guides de soupapes de moteur. La crise sanitaire la contraint à revenir en France.

Quelques mois plus tard, Alstom la contacte pour un poste d’ingénieure amélioration continue dans son usine d’Ornans. Elle y découvre l’univers de la motorisation ferroviaire, « riche de métiers et de savoir-faire variés ». Très vite, elle prend en charge une nouvelle mission : le transfert de technologies entre les différents sites d’Alstom dans le monde. Elle accompagne ainsi les équipes d’experts en Inde, en Chine, aux États-Unis et en Afrique du Sud pour standardiser les process de fabrication des moteurs. Ce travail suppose à la fois une solide maîtrise technique et une grande capacité d’adaptation. « Il faut être très flexible culturellement, car les méthodes varient beaucoup d’un pays à l’autre. Mais l’objectif reste le même : garantir la même qualité du produit pour nos clients partout dans le monde ».

Etre une femme dans un monde d’hommes

Évoluer dans la mécanique puis dans l’industrie où les femmes restent minoritaires n’a pas toujours été simple. « En bac pro, nous étions deux filles. Il a fallu apprendre à prendre ma place, mais plus j’avançais dans les études, et plus j’avais le sentiment d’être légitime ». Par ailleurs, elle estime que les mentalités évoluent dans le bon sens. Par exemple, chez Alstom, certaines tâches, comme l’isolation des bobines, sont majoritairement réalisées par des femmes, dont la précision et la régularité dans le geste est particulièrement appréciée. Elle reconnaît toutefois que les femmes sont davantage présentes dans les fonctions supports telles que la qualité ou la logistique, que dans la production même. Pour elle, les réseaux comme Femmes en Mouvement jouent un rôle important, car ils rendent visibles des parcours féminins qui peuvent inspirer.

Caroline insiste également sur la nécessité de mieux valoriser l’image des usines, trop souvent associées à des clichés. « Elles ne sont plus tristes ni sales. Ce sont des environnements modernes, organisés et très techniques ». Elle rappelle aussi l’importance de préserver les savoir-faire industriels. « L’industrie française existe, elle est vivante, et j’ai envie qu’elle perdure. »

Nominée aux Trophées de l’Industrie 2025

En parallèle de son activité professionnelle, Caroline s’est engagée dans une thèse en sciences de gestion et de management au CNAM sur l’influence des experts en processus de fabrication dans les transferts industriels. Cette recherche, qu’elle mène sur plusieurs années, nourrit sa réflexion sur l’articulation entre innovation et exploitation des savoir-faire qu’il soit tacite ou explicite.

Ses loisirs témoignent de la même passion pour la technique : elle pratique le modélisme en compétition et continue à réparer des voitures pour ses proches. Elle a également été pompier volontaire durant plusieurs années.

Sa nomination aux Trophées des Femmes de l’Industrie 2025, dans la catégorie « Femme internationale », reconnaît son engagement et la portée de son travail. « Mon parcours est un mélange de personnalité, de coups de chance, de belles rencontres et d’expériences professionnelles variées, analyse-t-elle. Osez, ne vous mettez pas de freins ! ».

 

 

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