Retour à tous les événements

Apéro de mai avec Patricia Bastard

  • Hôtel Edgar 31 Rue d'Alexandrie Paris, IDF, 75002 France (carte)

Le mardi 17 mai 2022, à l’Hôtel Edgar ainsi que sur zoom, Femmes en Mouvement a accueilli Patricia Bastard de l’agence de design Yellow Window.

« Le design de la mobilité vise à améliorer la vie des usagers »

Femmes en Mouvement a reçu Patricia Bastard, designer, lors de son apéro mensuel le 17 mai dernier. Selon elle, le monde des transports et de la mobilité a beaucoup évolué pour mieux prendre en compte les préoccupations de ses usagers.

Architecte de formation, avec une spécialisation en urbanisme, Patricia commence à travailler dans le design pour la publicité : Conran Design, puis Sopha du groupe Euro RSCG. Elle a ensuite l’opportunité de rentrer à la Caisse d’Epargne, comme chef de projet merchandising pour les 5000 agences du réseau bancaire. « Ce fut une expérience de terrain très riche et une leçon de pragmatisme. J’ai également développé mes capacités de conviction, étant une femme, jeune, entourée d’hommes généralement beaucoup plus âgés ! ». Ensuite, elle décide de créer avec un associé italien une agence de design global. « C’est à partir de là que je me suis prise d’une passion pour les transports et le monde de la mobilité. La ville et la vie dans la ville m’intéressent : comment rendre les choses plus belles et plus pratiques, quelles solutions pour améliorer les problèmes quotidiens des habitants ? Le design a un vrai impact sur la vie des gens, et cela me plaît ».

Treize ans plus tard, elle décide de rejoindre Yellow Window, une agence de design belge, leader dans le design industriel pour le secteur des transports. Elle lance la filiale française, comme directrice associée en charge de la stratégie et du développement. « J’ai eu envie très vite d’élargir nos métiers et nos clients. Le design de service commençait à émerger, notamment aux Etats-Unis et en Europe. Nous avons été les pionniers en France à développer ce nouveau métier du design dès 2008 pour le secteur des transports et de la mobilité. Yellow Window s’est développé avec une clientèle large : collectivités locales, opérateurs de transport (RATP, SNCF…), industriels (Alstom, Bombardier…) mais aussi startups.

« Travailler sur le design avec des startups est très intéressant. Ce sont souvent des personnes audacieuses qui inventent de nouvelles façons de faire. Par exemple, Midnight Trains, avec qui nous travaillons, se lance dans l’exploitation des trains de nuit. Ils veulent réinventer ce type de voyage, qui répond à la fois à des enjeux de développement durable et à la volonté pour certains de voyager autrement «  slow travel ».

En quelques années, Patricia estime que le monde de la mobilité a beaucoup évolué et de façon globalement positive. « Les préoccupations des usagers sont beaucoup plus prises en compte et à tous les échelons. La notion d’inclusivité est également de plus en plus présente, que ce soit envers les personnes en situation de handicap, les femmes enceintes, avec des poussettes ou les personnes âgées ».

« Avec le design de service, on est au cœur du quotidien des gens. On essaye d’améliorer leur vie, tout doucement, par petites touches ». Cela passe par la cartographie, une bonne information, de la signalétique, des services, des applis, etc. « On met vraiment l’humain au cœur de nos préoccupations, en réfléchissant aux usages, aux besoins du voyageur lors de son parcours de mobilité. On raisonne parcours total, en pensant à comment l’usager va passer d’un mode de transport à un autre ». La marche à pied et le vélo sont encouragés. Des opérateurs comme la RATP ou Kéolis mettent en avant la marche à pied dans leurs applis. Un modèle en la matière, le système de signalétique « Legible London ». Patricia constate de plus en plus d’appels d’offres autour du vélo de la part des collectivités pour réfléchir à la signalétique, à l’identité.

Une aventure professionnelle marquante : la collaboration avec Bombardier.

« Bombardier, dans le cadre d’un appel d’offres pour le renouvellement des trains du RER B, nous a sollicités pour nourrir leur réflexion. Nous avons organisé des ateliers de co-conception. Nous réunissons des usagers et le client pour faire émerger des idées collectives. Ils voulaient des idées innovantes, des « idées waouhh » comme on les surnomme. Ces ateliers leur ont permis de se confronter à la réalité, aux vrais usagers, aux fondamentaux. Ils ont pu entendre leurs besoins de réassurance, de confort et de bien-être. Tout cela a nourri leur cahier des charges. Et maintenant les ingénieurs sont en train de construire les rames, avec certaines de nos idées qui devraient améliorer la vie quotidienne des usagers et qui seront mises sur les rails fin 2025. C’est une vraie satisfaction de suivre un projet du début à la fin, même si les délais sont très longs dans les transports ».

Son regard sur l’innovation

L’innovation est quelque chose de très complexe. Innover, pour innover, n’est pas toujours pertinent. Il y a des innovations absurdes et des innovations qui vraiment rendent service aux gens et répondent à un vrai besoin. « Par exemple, installer des capteurs ou végétaliser les abribus, je n’en vois pas trop l’intérêt. En revanche, réinventer les trains de nuit est à mes yeux une vraie innovation, car il s’agit de faire quelque chose qui existait auparavant, mais différemment, et qui fait sens et répond à des attentes. D’où l’importance de ne pas laisser l’innovation aux seuls ingénieurs et experts… et de ne pas oublier les phases d’observation en amont puis de test afin de vérifier qu’un produit ou un service correspond vraiment à un besoin et résistera à la réalité et au quotidien des usagers. »

Importance des ateliers

Ces ateliers de co-conception ou ateliers d’idéation, à travers des mises en situation, des jeux de rôle, permettent à des idées collectives d’émerger. Par exemple, nous avons intégré deux personnes en situation de handicap et ce sont elles qui ont apporté les meilleures idées, qui devraient bénéficier à tout le monde. Le design de service permet d’apporter structuration et méthode pour des grands groupes qui ont parfois du mal à être agiles.

Les bons élèves dans le design de la mobilité

« Le meilleur système de transport au monde est à Hong Kong, estime Patricia. Le Japon fait également des choses très bien. En Europe, la difficulté est que nous avons des systèmes de transport anciens, par exemple le métro, et qu’il faut construire des choses autour de ce patrimoine ».

Précédent
Précédent
14 avril

Apéro avec Alexandra Debaisieux

Suivant
Suivant
18 mai

Transport Au Féminin #4