Synthèse de l’apéro avec Delphine Couzi
Delphine Couzi, directrice régionale TER PACA, SNCF Voyageurs (à gauche) a été notre invitée à Marseille
Delphine Couzi : une dirigeante engagée face aux mutations du ferroviaire
Invitée le 29 avril 2025 par Femmes en Mouvement à Marseille, Delphine Couzi, directrice régionale TER PACA, a partagé son parcours, sa vision du management et les défis liés à l’ouverture à la concurrence du transport régional.
Une carrière forgée sur le terrain
Ingénieure de formation, Delphine Couzi entre à la SNCF "un peu par hasard", il y a près de 35 ans. Elle débute dans l’encadrement opérationnel, auprès de conducteurs et de contrôleurs, développant une solide connaissance du terrain. Après une dizaine d’années, elle rejoint Eurostar, où elle dirige pendant 5 ans les opérations et la maintenance. Elle y affronte des situations critiques - un incendie, une panne majeure la veille de Noël - et découvre avec plaisir le "pragmatisme britannique".
De retour en France, Delphine Couzi prend la direction de la maintenance des TGV, avant d'être nommée à la tête d'Intercités, une entité confrontée à de nombreux défis. Comme elle le souligne avec une pointe d'ironie : "On met souvent les femmes là où ça ne marche pas bien." C'est dans ce contexte qu'elle a entamé un processus de transformation pour préparer l'entreprise à la concurrence, avant de devenir directrice de la région PACA pour les TER.
L'ouverture à la concurrence : une transformation majeure
Avec l’ouverture du marché ferroviaire, la région Sud a attribué en 2021 deux premiers lots : l’un à SNCF (via une filiale), l’autre à Transdev. D’autres suivront. Pour Delphine Couzi, "la concurrence sera rude. Il nous faut donc innover et démontrer nos engagements". Les défis sont multiples : accompagner les salariés dans cette transition (reclassements, transferts vers les filiales ou les concurrents), renégocier l'ensemble des accords RH, mettre en place de nouveaux certificats de sécurité, développer une culture économique plus forte ou encore passer d'un système très centralisé et prescriptif à un fonctionnement plus autonome, "comme une PME". Face à ces enjeux, Delphine Couzi a mis l'accent sur la transparence et l’accompagnement
Son style de management : sincérité et confiance
Elle rejette l’idée de "management au féminin" qu'elle considère comme essentialiste : "Il n’existe pas de management féminin, seulement des managers différents." Elle se définit par l’authenticité et la confiance : "Je ne suis jamais aussi efficace que lorsque je suis sincère." Elle valorise l’autonomie : "C’est comme cela qu’on fait grandir les gens", tout en prenant le temps d’observer avant d’agir : "Il faut du temps pour connaître son équipe."
La mixité, un levier de transformation
Sans revendiquer de posture genrée, elle insiste sur l'importance de la mixité : "L'entre-soi ne fonctionne pas." Elle salue les progrès faits à la SNCF mais appelle à la vigilance : "Si on laisse le système fonctionner seul, ce sont surtout les profils masculins qui remontent."
Un message aux femmes : "Osez !"
Son message aux femmes est sans ambiguïté : "Osez, osez, osez !" Elle pointe du doigt une tendance féminine à l'autocensure : "Un homme qui coche 50% des cases d'une offre d'emploi se présente, alors qu'une femme avec 70% des cases cochées ne postule pas." Elle les encourage à prendre des risques : "Il faut d’abord se convaincre soi-même et accepter de prendre le risque d’échouer. C'est à nous de travailler sur cette confiance."
Réinventer la SNCF dans un cadre contraint
Pour Delphine Couzi, le défi est clair : "Apprendre à fonctionner comme une PME tout en gardant la force de frappe d’un grand groupe." Et elle conclut : "95% de la qualité perçue de service repose sur la performance du réseau", plaidant pour un investissement massif dans l’infrastructure.